Sunday, September 14, 2008

Lettre perdue

Il y a des jours où je ne sais plus rien. Au beau milieu des terrains circulaires de l'angoisse une image de beauté me vient et c'est ton visage qui me manque. J'erre à travers les jours, prise en chasse par des questionnements d'autres mondes. Puis je me souviens. Ton absence. Ton retour. Je ne sais pas si j'aurai les entrailles assez bétonnées pour bien vivre tout ça.

J'ai une grande malade qui sommeille au fond de moi. Par moments elle remue, je la berce doucement, prie pour qu'elle s'endorme. Je suis la juive qui tente de faire taire son enfant qui pleure, cachée sous les lattes du plancher. Je souris pour qu'elle cesse de sangloter.

J'ai peur de la porter en moi jusqu'à ma mort. Elle traîne dans mes yeux tristes, crochit mon sourire. Elle pèse si lourd. Je n'aurai plus la force très longtemps. Elle ne me partage pas, me consume tout entière. Elle me veut à elle seule. Elle me fatigue, si tu savais comme elle m'épuise. Il y a des soirs où je m'effondre sur le plancher de ma chambre avant même d'avoir atteint mon lit tant elle m'a grimpé dessus comme une colline, joué dedans comme une maison.

Alors pardonne mon silence.

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