Sunday, December 7, 2008

Yes,

but what about love?

Saturday, November 29, 2008

Gemstones

De longs moments d'urgence. Je m'obstine à ne rien voir. Je reçois des baisers de Madrid, je sue sous les projecteurs. La vie continue et je la voile de rideaux enfumés, je ferme les yeux et sens mon corps qui gueule d'être en vie. J'ai des pierreries affûtées aux reins, émeraudes et saphires; j'en ai la chair tout entaillée.

Au fond de moi comme un joyau d'arsenic, les volutes rouges me teignent lentement la peau. Je ferme les yeux parce que je ne sais pas. Je vis par cris, par spasmes. Je m'appuie aux baisers qui viennent ou aux regards qui flanchent. Je me poudre de célibat.

Sunday, November 23, 2008

Silence

Il faudrait bien que tout cesse. Ce boucan est une tourmente gouvernaillophage. Nous nous scrutons à la loupe et, sans mettre le pied à la danse, nous regardons par les fenêtres et nous jugeons durement sans déchiffrer les mots que prononcent, en noir et blanc, nos propres bouches agitées, fiévreuses. Nous parlons et parlons si bien que nous n'entendons plus le silence qui gronde au fond de nos panses. Pourtant, les yeux fermés, le nez dans tes cheveux, concentrée à ne pas bouger par peur de te réveiller, j'avais l'impression de te savoir bien mieux, bien mieux.

Nous devrions nous taire, nous museler. Nous ne pouvons discuter de nos pas alors que nos mains ne se rejoignent pas. Silence jusqu'aux nuits de peaux collantes, jusqu'aux baisers-morsures. Silence même jusqu'à ce que nous soyons enfin nus, ne rien prononcer tant que nos vêtements ne joncheront pas le sol, silence pressé de qui veulent se voir entièrement pour bien se rappeler, pour bien s'écouter.

Silence jusqu'à ton dos blanc sous mes doigts calmés. Silence tant que cette fureur ragera, tant que le doute coupera à blanc, tant que la rancune soufflera. Silence, je ne veux plus rien entendre.

Wednesday, November 19, 2008

Manquant

Ce sont là les premières vagues, à retardement. Tout ceci me manque délicieusement. Toi ailleurs, pourtant ici, tous les jours, ici si près du coeur qu'il me manque un souffle sur deux.

Je découpe des images et les colle sur des papiers de couleur, pour toi. Je vis entourée d'hommes et de femmes qui me voient et que je vois, nos souffles se mêlent, nos jours et nos soleils sont les mêmes, pourtant je suis ailleurs. Ton profil m'est perdu, mais il m'emplit toute la tête. La conscience embuée, le jugement à plat, le sexe hurlant, je n'arrive pourtant à rien qui ne me ramène pas à toi.

Je rêve à février, à ce que je porterai, à te soulever à bout de bras avec une force nouvelle, à comment mon corps aura changé. Et le tien. Son goût, sa couleur. Fermer les yeux m'entaille d'un panorama de toi.

Tes doigts boudinés que je reconnais sur mon écran. Tes souliers dans mon placard. Tes jouets sous mon lit. Tes cheveux dans une enveloppe. L'encre de tes mots sur ma table de nuit.

You are here, once removed, and I trip over your steps. Tu me manques tant qu'il n'y a rien, plus rien que cette invisible présence.

Sunday, October 19, 2008

Paysage deux

je contemple par les fenêtres
tout ce qui pourrait venir
si sans obturateur
ouverte comme une sainte
je faisais le tour de ce monde

je contemple les gens
voulant les aimer
librement

comme tu te le permets
toi ailleurs pour être seul
toi flottant de mains en mains
toi
à l'esprit vierge
quelque part

Wednesday, October 15, 2008

Debout sur la tranche du verre

Viennent alors les zones troubles,

le ciel tête en bas
la neige aux pieds nus

Les aubes les plus fortes seront les plus nouvelles, à chaque avènement le rire des hirondelles, danses d'essoufflement au creux des paumes.

Pas de pommiers là où tu t'en vas.
Prends bien garde à tes pas, tu risquerais de ne pas te perdre.

Sunday, October 12, 2008

Le petit renard du désert.

"Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.

L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.

C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.

Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...

Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir."

Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry

Wednesday, October 8, 2008

L'air immobile

quand plus un nuage ne demeurera pour trahir la force du vent
quand aux détours des passants s'agripperont, difficilement, des bribes de rires
quand par le mouvement régulier de tes rêves je saurai que tu t'es assoupi

c'est là que j'irai, laissant mes mots à la porte
me glisser près de ton ventre
là où
chaque nuit
naît une nouvelle étoile

Monday, October 6, 2008

Paysage un

Les yeux voûtés par les heures en cascades. Les doigts pelés sur un chapelet vivant. Le rêve durci au-devant des bourrasques et qui geint comme un sourd sans mots et sans patrie.

Ma maison s'est repliée sur moi, les biseaux de ses châssis se croisant vers le ciel. J'ai grimpé à même ses pics vertigineux et me suis faite épouse dans un linceul de brume. Au-dessus de la mer d'arbres, aux branches des défaites, j'ai semé toutes ces larmes qui ne venaient pas. L'envoûteuse, désolée, a remué ses cils et s'est figée en pierre.

Et j'ai senti en moi fleurir la haine.

The Special Ones

"I suppose you see that those who follow their heart always win,
those with integrity have won the match before it's begun

So rather than being kicked around, I'm going to kick you to the curb
So rather than being pushed around, I'm going to push you away first
So rather than trying to protect you, I'm going to cover my bases first
So rather than trying to open my heart, I'm going to lock it with a key
So that only the special ones can ever get through to me

(...)

I have honoured your honour to the point of embarrassment,
but innocence in the hands of the guilt-free is kicked to, is kicked to the curb
I was ashamed of my innocence,
I was ashamed of my innocence but now with clarity I see that your bullshit is just not worthy of me.

(...)

I don't want to be angry....
This is not worthy of me and now with clarity I see that I can walk away, I can walk away."

Métamorphose

Je ne sais pas à qui j'écris mais mes mains tremblent et pour oublier il a fallu que je me mette à taper, le vacarme simplement des mots qui tombent goutte à goutte me tient éveillée, enterre les gémirs insistants de mes plantes qui se fanent. Moi machine à avaler de la théorie sur le plancher de ma salle de bain les yeux gonflés d'avoir vomi, moi je parle avec mes doigts devant mon miroir sale et j'espère que mes voisins m'entendront, agaçant testament qui bourdonne derrière la douce mélodie d'une guerre en direct.

Mes lèvres vermillon éventrent mes joues blanchies à la chaux, mes angoisses revenantes figées en nô m'écartèlent les paupières. Ce que je vois, personne ne l'a vu. Ce n'est pas ça, c'est autre chose. On n'arrive pas à le nommer.

J'ai l'utérus trituré encore il y avait si longtemps, si longtemps. Les orteils tordus par la douleur. Chaque fois je me demande si c'est cette fois, si enfin je vais muer, si je vais sentir mes os se dissoudre sous ma peau et se reformer en quelque chose d'autre, quelque chose de familier. J'attends, un jour, par la force des choses, il faudra bien qu'il me pousse des ailes.

Saturday, October 4, 2008

Les plages

Sur la baie angulaire je courais les astuces, pieds entravés pas les mots. Le temps faisait un vacarme cuisant, avalé par le trou de la cuvette, pourfendu par le bas en un sourire de cadavre. C'était beau, tout était si beau, l'espace à travers le filtre de la guitare, les petites morts se succédant comme un ordre naturel, les vibrations tonitruantes des nuages obscurcis qui me regardaient, gueule béante, ventre grondant.

Tuesday, September 23, 2008

Équilibriste

En contre-plan des lumières de la baie je ne savais dire de quel sexe tu étais. Quand ton profil se baignait dans les faisceaux, la nuit illuminait tes airs de jolie fille tragique et élancée, et je t'aimais, ta finesse anguleuse, tes regards pudiquement couverts derrière les voiles d'une brise atlantique. Beau garçon dans tes jeans ajustés. Je savourais tes mains; désirs à la fois de goûter à ton cou et de m'asseoir en silence, t'observer sans un geste, pour ne pas troubler ton parcours de funambule sur les frontières du dicible.

Monday, September 15, 2008

Un ange passe

Il y a de ces mots que nous ne disons pas.

Merci.

Je t'entends mieux dans le silence. Nos yeux se parlent si bien, je n'ai besoin d'aucune autre promesse.

Par moments dans la pénombre de ta chambre, dans la lueur timide, tu as soudain le doux visage d'une jeune fille de onze ans. La peau claire, le regard inquisiteur, le sourire ingénu. Tu es d'une beauté rare et, en ces moments, l'illusion m'étrangle d'amour.

Sous tous tes angles je t'embrasse. Toi alchimiste aux flancs criblés de fleurs, des vignes dans les cheveux, je ne saurai jamais assez te le dire. À chaque mouvement tu es autre et tour à tour je baiserai toutes tes mains.

Sunday, September 14, 2008

Lettre perdue

Il y a des jours où je ne sais plus rien. Au beau milieu des terrains circulaires de l'angoisse une image de beauté me vient et c'est ton visage qui me manque. J'erre à travers les jours, prise en chasse par des questionnements d'autres mondes. Puis je me souviens. Ton absence. Ton retour. Je ne sais pas si j'aurai les entrailles assez bétonnées pour bien vivre tout ça.

J'ai une grande malade qui sommeille au fond de moi. Par moments elle remue, je la berce doucement, prie pour qu'elle s'endorme. Je suis la juive qui tente de faire taire son enfant qui pleure, cachée sous les lattes du plancher. Je souris pour qu'elle cesse de sangloter.

J'ai peur de la porter en moi jusqu'à ma mort. Elle traîne dans mes yeux tristes, crochit mon sourire. Elle pèse si lourd. Je n'aurai plus la force très longtemps. Elle ne me partage pas, me consume tout entière. Elle me veut à elle seule. Elle me fatigue, si tu savais comme elle m'épuise. Il y a des soirs où je m'effondre sur le plancher de ma chambre avant même d'avoir atteint mon lit tant elle m'a grimpé dessus comme une colline, joué dedans comme une maison.

Alors pardonne mon silence.

Corde raide

Ce matin j'ai l'impatience au foie. Par petites gouttes de sornettes ma tête me raconte des histoires. Hier saoûle encore sur de violentes mélodies, ce matin je répertorie mes déchirures. Par ordre de date.

J'ai un goût de café derrière la dent... pourtant je ne bois jamais de café.

Le grondement du dehors s'infiltre dans mes draps, l'humidité transige avec ma pudeur fluctuante. Ce matin j'ai le coeur bien emmitouflé, déposé dans une boîte sous mon lit, avec un code postal au hasard, pas d'adresse de retour. Je réfléchis à le poster.

Tuesday, September 9, 2008

Vacuous

Sirènes stridantes. Sous ma poitrine. Derrière les bronches, là où s'asseoit l'âme. Un trône entouré de lave dans une cage qui se consume.

Je pense à mes pas. Où les placer? Vers où tourner? Je voudrais dérouler jusqu'au bout ce rouleau de feu qui me tire vers l'avant, bien ancré dans ma rate. Je crie pour une plage, le vacarme de velours des hautes vagues, là où je pourrai m'éteindre, m'enfouir, ne plus bouger, attendre. Assez. C'est assez de ces éclairs dans ma tête. C'est trop, ce ne sont pas les bonnes couleurs, ce n'est pas la vie que je m'imaginais. Il doit y avoir quelque chose d'autre. Je saignerai s'il le faut, mais dites-moi qu'il y a quelque chose d'autre.

Thursday, September 4, 2008

The lingering smell

J'ai monté les escaliers jusqu'à la porte toujours ouverte. Je savais qu'il n'y serait pas, j'espérais que je n'étais pas trop tard, que je n'avais pas manqué son absence. Être dans ses replis sans qu'il soit là. J'y pensais déjà. J'ai posé le pied sur les planches du passage étroit, prête à me jeter à l'eau.

La porte de sa chambre fermée, la poignée indécise. Sans faire un bruit j'ai ouvert, murmuré son nom comme un mot de passe. Allumé la lumière graduellement. Lit vide. Bonheur.

Son odeur enfermée derrière la porte sentait encore plus que si je m'étais enfoui le nez dans ses cheveux. Elle m'est revenue comme un chant, l'impression de sa présence récente, l'empreinte immatérielle des tourbillons dans l'air perturbé par ses mouvements, pétrifié dans ses arabesques. Son territoir, son terrier, les mètres qu'il parcourt encore et encore. Les jeans qu'il n'a pas choisis entassés sur le lit. Ses souliers de vernissage. Tout y était. J'ai refermé derrière moi.

Je me suis agenouillée devant le lit, ai pressé mon visage contre le matelas. J'ai empli mon nez de son sommeil comme s'il n'allait jamais plus exister pour moi. J'ai plissé les yeux. Doigts se crispant autour des draps. J'ai grimpé, replié mes genoux sur mon ventre. Ma tête sur son oreiller. J'ai essayé d'écouter ce qu'il entend, seul dans cette pièce, le silence propre à son périmètre. Je ne voulais rien bouger, passer invisible derrière lui, interprétant ses pistes. Recréer ses allers et venues à partir de ses gestes fossiles. Traquer le musement incessant des heures automatiques. Mythifier son quotidien. Thésée lu par Méduse.

Ces murs comme ceux d'un musée. La fenêtre fermée, la lune filtrée. Le désordre peint d'un Lascaux désoublié. Anamnèse. Douceur. Verbiose colorée. J'ai posé un baiser sur sa bouche imaginée, moulé de mes paumes les côtés de ses fesses. Imaginé son sexe sous mes doigts. La plus lente caresse.

Peut-être dans ses rêves, un soir, une visite en différé. Car on modifie nécessairement ce qu'on observe.

Wednesday, September 3, 2008

Sous le poids des feuilles qui tombent

Une masse familière, sur mes épaules voûtées. Comme une noirceur barbouillée. La suie dans mes yeux neige sur mes doigts.

Ce sont ces coins de rue évidés qui m'égratignent les idées. Les clochers se penchent sur moi, leurs branches encrent le ciel. Assise sous un serpent de lune c'est ta peau blanche qui me pèse, éclipsée elle aussi, quelque part enfarinée. J'en appelle à mes bouteilles. Aube perdue sous les fougères nocturnes.

Les grincements me bercent l'âme, quand et par combien de fois je suis revenue à eux, ils soupirent sur mes pages, lacèrent l'air. C'est inconnu, ce qui m'a toujours trotté. Des monolabes s'esquissent au creusant. Sons de poussière et d'algues, leurs cris allongés. Le sommeil vient panser la voûte ouverte.

Friday, July 25, 2008

What is inside you (and me)

"And then for better or worse you'll turn, unable to resist, though try to resist you still will, fighting with everything you've got not to face the thing you most dread, what is now, what will be, what has always come before, the creature you truly are, the creature we all are, buried in the nameless black of a name."
- Mark Z. Danielewski, House of Leaves

Saturday, June 28, 2008

I have something for you.

It's hard to tell. Halfway across the sky along analog interjections I caught one of your feathers. You were lonely, but charred, and you inspired me. I kept this delicious rip in my stomach. What are you?

It's a wider shade of blue than I expected. It is scraping at my door, smooth grit and fog, suddenly there and shifting and we can change so fast, one day soothing strings nude under the stars and the next raising cattle in Montana. There are so many yous in you but they all produce meaning. Even your name - an archangel - did you know? This one I haven't run into yet. Perhaps in strife.

There are curtains and shadows and stand-ins and we each know what is expected but have forgotten the steps. Amongst empty beer bottles and video game controllers we may dream up new ones. Soar above the city, I want to show you the skyline, dive right inside it, into the belly of this roaring, speeding beast. I don't know if you'll want to follow.

Thursday, June 26, 2008

String-soothers and flock-gazers

Something if anything if anything at all somehow blank and undifformed.

Strings never lie, they lead and they tangle. I have counted and counted and counted again the knots that my feet rely on, getting there always getting there first and foremost where are we headed to, this sky is wider than I ever thought it could be.

c'est un chant une aurore c'est un flot dans la nuit

nulle part encore
je pointe
la vague jolie

In the firsts, we met.

It didn't have much to do with anything, really. Overlapping soundtracks don't necessarily harmonize. But this time, it seemed like an amusing crop. I harvested soonishly, stars ashore, and though there was no sense to be prefelt, something told me to walk on anyway.