Sunday, November 23, 2008

Silence

Il faudrait bien que tout cesse. Ce boucan est une tourmente gouvernaillophage. Nous nous scrutons à la loupe et, sans mettre le pied à la danse, nous regardons par les fenêtres et nous jugeons durement sans déchiffrer les mots que prononcent, en noir et blanc, nos propres bouches agitées, fiévreuses. Nous parlons et parlons si bien que nous n'entendons plus le silence qui gronde au fond de nos panses. Pourtant, les yeux fermés, le nez dans tes cheveux, concentrée à ne pas bouger par peur de te réveiller, j'avais l'impression de te savoir bien mieux, bien mieux.

Nous devrions nous taire, nous museler. Nous ne pouvons discuter de nos pas alors que nos mains ne se rejoignent pas. Silence jusqu'aux nuits de peaux collantes, jusqu'aux baisers-morsures. Silence même jusqu'à ce que nous soyons enfin nus, ne rien prononcer tant que nos vêtements ne joncheront pas le sol, silence pressé de qui veulent se voir entièrement pour bien se rappeler, pour bien s'écouter.

Silence jusqu'à ton dos blanc sous mes doigts calmés. Silence tant que cette fureur ragera, tant que le doute coupera à blanc, tant que la rancune soufflera. Silence, je ne veux plus rien entendre.

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