Sunday, October 19, 2008

Paysage deux

je contemple par les fenêtres
tout ce qui pourrait venir
si sans obturateur
ouverte comme une sainte
je faisais le tour de ce monde

je contemple les gens
voulant les aimer
librement

comme tu te le permets
toi ailleurs pour être seul
toi flottant de mains en mains
toi
à l'esprit vierge
quelque part

Wednesday, October 15, 2008

Debout sur la tranche du verre

Viennent alors les zones troubles,

le ciel tête en bas
la neige aux pieds nus

Les aubes les plus fortes seront les plus nouvelles, à chaque avènement le rire des hirondelles, danses d'essoufflement au creux des paumes.

Pas de pommiers là où tu t'en vas.
Prends bien garde à tes pas, tu risquerais de ne pas te perdre.

Sunday, October 12, 2008

Le petit renard du désert.

"Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.

L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.

C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.

Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...

Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir."

Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry

Wednesday, October 8, 2008

L'air immobile

quand plus un nuage ne demeurera pour trahir la force du vent
quand aux détours des passants s'agripperont, difficilement, des bribes de rires
quand par le mouvement régulier de tes rêves je saurai que tu t'es assoupi

c'est là que j'irai, laissant mes mots à la porte
me glisser près de ton ventre
là où
chaque nuit
naît une nouvelle étoile

Monday, October 6, 2008

Paysage un

Les yeux voûtés par les heures en cascades. Les doigts pelés sur un chapelet vivant. Le rêve durci au-devant des bourrasques et qui geint comme un sourd sans mots et sans patrie.

Ma maison s'est repliée sur moi, les biseaux de ses châssis se croisant vers le ciel. J'ai grimpé à même ses pics vertigineux et me suis faite épouse dans un linceul de brume. Au-dessus de la mer d'arbres, aux branches des défaites, j'ai semé toutes ces larmes qui ne venaient pas. L'envoûteuse, désolée, a remué ses cils et s'est figée en pierre.

Et j'ai senti en moi fleurir la haine.

The Special Ones

"I suppose you see that those who follow their heart always win,
those with integrity have won the match before it's begun

So rather than being kicked around, I'm going to kick you to the curb
So rather than being pushed around, I'm going to push you away first
So rather than trying to protect you, I'm going to cover my bases first
So rather than trying to open my heart, I'm going to lock it with a key
So that only the special ones can ever get through to me

(...)

I have honoured your honour to the point of embarrassment,
but innocence in the hands of the guilt-free is kicked to, is kicked to the curb
I was ashamed of my innocence,
I was ashamed of my innocence but now with clarity I see that your bullshit is just not worthy of me.

(...)

I don't want to be angry....
This is not worthy of me and now with clarity I see that I can walk away, I can walk away."

Métamorphose

Je ne sais pas à qui j'écris mais mes mains tremblent et pour oublier il a fallu que je me mette à taper, le vacarme simplement des mots qui tombent goutte à goutte me tient éveillée, enterre les gémirs insistants de mes plantes qui se fanent. Moi machine à avaler de la théorie sur le plancher de ma salle de bain les yeux gonflés d'avoir vomi, moi je parle avec mes doigts devant mon miroir sale et j'espère que mes voisins m'entendront, agaçant testament qui bourdonne derrière la douce mélodie d'une guerre en direct.

Mes lèvres vermillon éventrent mes joues blanchies à la chaux, mes angoisses revenantes figées en nô m'écartèlent les paupières. Ce que je vois, personne ne l'a vu. Ce n'est pas ça, c'est autre chose. On n'arrive pas à le nommer.

J'ai l'utérus trituré encore il y avait si longtemps, si longtemps. Les orteils tordus par la douleur. Chaque fois je me demande si c'est cette fois, si enfin je vais muer, si je vais sentir mes os se dissoudre sous ma peau et se reformer en quelque chose d'autre, quelque chose de familier. J'attends, un jour, par la force des choses, il faudra bien qu'il me pousse des ailes.

Saturday, October 4, 2008

Les plages

Sur la baie angulaire je courais les astuces, pieds entravés pas les mots. Le temps faisait un vacarme cuisant, avalé par le trou de la cuvette, pourfendu par le bas en un sourire de cadavre. C'était beau, tout était si beau, l'espace à travers le filtre de la guitare, les petites morts se succédant comme un ordre naturel, les vibrations tonitruantes des nuages obscurcis qui me regardaient, gueule béante, ventre grondant.